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L'Esat expérimental du Val de Reuil, un établissement pas tout à fait comme les autres.

L’Esat Expérimental du Val de Reuil représente une expérience unique en France, ses locaux se trouvent dans un Centre de Détention situé dans le département de l’Eure. France ORUS, sa responsable, présente depuis son ouverture, nous raconte son histoire. 

L'Esat expérimental du Val de Reuil, un établissement pas tout à fait comme les autres.

Pouvez-vous nous parler du début de cette aventure ?

Au départ la décision d’ouvrir un Esat à l’intérieur du Centre de Détention "Les Vignettes" est venue d’un constat simple : plus de 10% des détenus souffrent de problèmes psychiques, moyenne supérieure à la norme référente de la population. Il a fallu quatre ans pour lancer le projet, convaincre les différents décideurs et trouver les financements. Puis une convention a été signée entre l’Alefpa, une association laïque partie prenante de l’ESS, et le centre de détention pour une durée de cinq ans. Je suis arrivée en novembre 2013 pour finaliser le projet , et l'ouverture a eu lieu le 12 février 2014.

Aviez-vous une appréhension à travailler avec des détenus ?

Pas du tout, j’ai travaillé plusieurs années au quotidien avec des personnes de la rue, des Sans Domicile Fixe dont certains sortaient de prison, il y a donc une certaine continuité dans mes engagements. Lorsque l’on m’a proposé ce projet, je suis partie confiante en étant certaine de sa réussite.

Comment s’est effectué le choix des détenus pouvant intégrer la structure, étaient-ils assez nombreux à être reconnus par la MDPH ?

Certains étaient déjà reconnus comme personne en situation de handicap mais autour de ce projet se sont naturellement greffés tous les services sociaux et médicaux de l’établissement. Le psychiatre qui suit les détenus pouvant déceler ceux qui étaient concernés, l’assistante sociale constituant les dossiers pour les transmettre à la MDPH qui, généralement, acceptait les dossiers présentés et accordait la reconnaissance RQTH.  

Dès que les détenus ont appris l’ouverture de l’Esat, avez-vous reçu beaucoup de candidatures ?

Oui, j’ai eu dès le départ suffisamment de candidatures pour couvrir l'agrément de 10 places dont nous disposions. Plusieurs personnes du Centre de Détention m’ont dit « tu n’auras pas assez de candidats, ils ne voudront pas se lever, ils ne reviendront pas..» Non seulement j’ai eu assez de demandes, ils se sont levés et sont revenus. Lorsque je me mémorise certains détenus à leur arrivée à l'atelier et à les regarder aujourd’hui, ils sont transformés. Pour preuve, nous avons ce jour une liste d’attente de 15 personnes.

Combien d’encadrants travaillent avec vous, viennent-ils de la Pénitencière ou de l’extérieur ?

Nous ne sommes que deux, j’ai donc un moniteur avec moi qui ne vient pas du milieu carcéral mais du monde de la sécurité.

Quelles sont les activités proposées ?

Nous faisons du conditionnement et de la reprographie.

Avez-vous pu acheter le matériel adéquat pour la reprographie par exemple ?

Nous avions une enveloppe de 119 000 € pour la mise en place de l’Esat, une partie de cette somme nous a effectivement permis d’acheter le matériel nécessaire au bon fonctionnement de l’atelier.

Quels sont vos clients ?

Nous avions un gros client en conditionnement, mais malheureusement il a déposé le bilan. Heureusement une vingtaine d’entreprises ou de collectivités fait appel à nos services pour l’activité reprographie, cartes de visites, affiches, fascicules, menus etc. Pour la partie conditionnement, il a fallu se bouger pour trouver des solutions. J’ai donc pris mon téléphone, discuté, échangé et trouvé un nouveau créneau. Depuis décembre 2014 je développe la fabrique de petits drapeaux en papier. Mes clients sont les mairies et les musées militaires pour qui nous fabriquons toutes sortes de drapeaux de toutes nationalités.

Comment sont rétribués vos travailleurs ?

La rémunération est fixée par l’Esat à hauteur de 5,5 % du smic provenant de l’activité de production à laquelle s'ajoute une aide au poste versée par le centre de détention pour atteindre le minimum garanti aux travailleurs soit 550€ net. Comme pour tout usager en ESAT, le complément pour atteindre le Smic provient de l’AAH.

Une de vos missions, préparer la réinsertion des détenus lors de leur libération, trouve-t-elle sa place dans la suite de votre dispositif ?

Depuis deux ans une trentaine de travailleurs sont passés par l’Esat, dont quatre sont présents depuis l’ouverture. Deux parmi les sortants ont trouvé un stage en établissement, l’un d'entre eux va d'ailleurs le commencer en avril à l'Esat d’Evreux.

Vous êtes membre du GIE Norm'Handi, vous vous rendez à des réunions où vous croisez des collègues, quel regard portent-ils sur cet établissement expérimental ?

Lors de ma demande d’adhésion au GIE Norm'Handi, plusieurs représentants de ce groupement sont venus visiter l’’Esat. Ils en ont conclu que cet établissement correspondait bien aux critères requis d’un établissement du secteur et ont pris la décision de valider notre adhésion. 

Mes collègues commencent à me connaitre, lors des différentes réunions nous échangeons, deux directeurs sont intéressés pour recevoir des personnes sortantes en stage, une dizaine d’autres désirent visiter la structure.

Cet Esat expérimental a été programmé dans un premier temps pour une durée de cinq ans. Vous venez de fêter vos deux premières années d’existence, êtes-vous confiante pour l’avenir ?

Bien sûr. Tout se passe bien. J’avais obtenu une enveloppe suffisante de l'ARS complétée par le nœud de la réussite qui s’appelle le travail. Un chiffre d’affaires de 20 000 € m’avait été demandé la première année. Je l'avais alors presque atteint... et la seconde année l'objectif fut dépassé. Je suis confiante, je suis une battante et je mènerai ce projet jusqu'au bout, convaincue qu'il pourra servir d'exemple.

L'Esat de l'Alefpa

Propos recueillis par Francis Piegza


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