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« Le secteur protégé c'est sur la qualité, les délais, les coûts qu'il faut le juger et coopérer avec lui »

Rencontre avec Maryse Aïo, responsable de la mission handicap à la Mutualité sociale agricole (MSA)

« Le secteur protégé c'est sur la qualité, les délais, les coûts qu'il faut le juger et coopérer avec lui »

La Mutualité sociale agricole (MSA) est constituée d'un réseau de 36 caisses pluri départementales  autonomes, qui emploient chacune entre 300 et 600 salariés, auxquelles il faut ajouter six centres informatiques (bientôt ramenés à deux) qui regroupent au total plus de 800 salariés. Signataire du premier accord de branche qui qualifie notamment le recours au secteur protégé et adapté, la MSA se donne les moyens de progresser dans le domaine. Un chemin qui peut être long mais auquel se tiennent la quarantaine de référents handicap du réseau et la responsable de la mission handicap, Maryse Aïo, qui répond ici à nos questions.

Où en était la situation de l'emploi de personnes handicapées à la MSA au moment de la signature de votre accord de branche ?

La situation était assez contrastée. Plusieurs caisses répondaient déjà à l'obligation de faire appel à du personnel handicapé à hauteur de 6% des salariés. D'autres n'y étaient pas du tout. En 2008, nous avons établi un diagnostic de la situation et nous avons constaté que notre moyenne au niveau national était de 3,67 %. Un de nos centres informatiques était à 0 % et le meilleur de nos établissements était à 11%. On le voit, il y avait de grandes variations !

Au même moment, du fait de la baisse de la population agricole active et du besoin de réaliser des économies d'échelle, nous avons du repenser notre organisation et c'est à cette occasion que nous avons signé un accord de branche pour la période 2009-2012. C'est dans ce cadre que nous avons décidé d'améliorer le taux d'emploi de salariés handicapés dans nos caisses. C'est le premier accord de branche qui qualifie ainsi le recours au secteur protégé et adapté.

Quels objectifs vous-y-êtes vous donnés ?

Nous nous sommes fixés d'atteindre 5 % de travailleurs handicapés à la fin de 2012. Les signataires ont en effet voulu être prudents et ne pas se donner un objectif difficilement atteignable compte-tenu de la baisse régulière des effectifs. La nouvelle convention d'objectifs et de gestion avec l'Etat pour la période 2011-2015 fixe cette fois que l'objectif sera bien d'atteindre les 6 % au terme de cette période. Aujourd'hui sur 17 000 salariés, nous avons en emplois directs 700 travailleurs handicapés alors que nous devrions atteindre le chiffre de 1040. Notre objectif de 5 % en 2012 a été défini à travers des objectifs de recrutement direct et des actions destinées à faire progresser le taux global d’emploi des salariés handicapés. Concrètement, nous nous sommes fixés l'obligation de recruter 95 salariés handicapés sur 2009-2012. Chaque caisse a par ailleurs l'obligation de progresser soit en favorisant le maintien dans l’emploi de salariés en situation de handicap soit en coopérant avec le secteur protégé soit en accueillant des stagiaires handicapés.

Concrètement, chaque caisse doit se débrouiller dans son coin ?

Non ! Ces objectifs ne se résument pas à une simple feuille de route ! Nous sommes conscients qu'il faut accompagner les caisses vers ces objectifs. C'est pourquoi l'accord de branche a prévu la création dans chaque entreprise d'un référent handicap. Ensemble, ils constituent un réseau de 41 personnes, issues des services des ressources humaines. Ils se réunissent régulièrement et je constate, avec plaisir du reste, que ses membres ont tendance à être plus réactifs pour faire avancer les choses. Un véritable esprit de mutualisation et de partage émerge au sein de ce réseau de référents où les questions des uns sont soumises à tous. L'un annoncera : « J'ai un salarié qui a un problème visuel... » et tel autre expliquera comment il a adapté, dans le même cas, un logiciel. C'est ainsi que l'expérience circule entre les caisses.

Quel est votre rôle plus particulier ?                                                                                       

Salle_MSAMon rôle est de mettre en place une ingénierie pour faciliter les actions des caisses. Cela passe par une politique de communication pour sensibiliser les managers et les salariés (films, affiches...), par l'animation du réseau qui se réunit trois fois par an, par la circulation d'informations via une newsletter et une lettre de veille, enfin par la définition d'une ingénierie de formation pour les référents handicap que je considère comme de véritables chefs de projets. Il s'agit de leur faire comprendre que leur travail doit s'exercer de façon transversale avec l'ensemble des services de la MSA.

L'objectif est en effet de mettre en place dans chaque entreprise une commission handicap qui définit la stratégie locale de déploiement de l'accord national. Elle réunit les responsables des ressources humaines, des médecins, des représentants du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), des managers et parfois des salariés handicapés. J'insiste sur la pluridisciplinarité des fonctions, car il est très important de partager au maximum cette sensibilisation.

Pour vous donner un exemple de notre travail : nous avons organisé un module de formation sur l'intérêt de coopérer avec le secteur protégé – le fait que j'ai personnellement débuté ma carrière dans un CAT n'y est pas étranger... Dans ce cadre, le Gesat a été notre interlocuteur. Nous avons visité un Esat et cette visite a été un point fort pour sensibiliser les responsables des ressources humaines. Il s'en est du reste suivi des visites similaires en région. Nous avons également mis en place trois référentiels de bonnes pratiques. L'un sur la coopération avec le secteur protégé, un autre sur le maintien dans l'emploi et un troisième sur le recrutement. Ce sont des outils pratiques qui donnent des exemples concrets.

Et votre effort en direction du secteur protégé et adapté, comment se traduit-il ?

Concernant le secteur protégé et adapté, j'avais constaté que les caisses travaillaient déjà avec, mais de manière très variable, et le plus souvent sur de petits contrats, souvent liées à des activités agricoles (c'est un héritage historique de la MSA). Je constatais également que le regard porté sur ce secteur par la MSA était plutôt un regard social. On travaillait avec eux pour aider les personnes handicapées... Je crois qu'il est important de proposer un autre regard et d'affirmer que les Esat ou les EA sont d'abord des entreprises. Des entreprises certes particulières, mais qui peuvent faire aussi des travaux du tertiaire (tri de courriers, gestion électronique des documents...) et qui ne sont pas cantonnées à tondre les pelouses ou à faire du ménage dans les locaux. Le secteur protégé c'est aussi sur la qualité, les délais, les coûts qu'il faut le juger et coopérer avec lui. Il faut passer d'une attitude de solidarité assistantielle à une coopération d'entreprise à entreprise autour d'échanges économiques sur le territoire. L'idée commence à faire son chemin et depuis deux ans le recours au secteur protégé augmente. Mais cela demande du temps.

Cela implique que les images et les implications évoluent aussi du côté des Esat et des EA, qu'ils soient plus offensifs, qu'ils osent aller vers les entreprises et que l'expertise des uns puisse être partagée avec les autres. Il y a un gros effort à mener de leur part, me semble-t-il, pour mieux maîtriser les appels d'offre. Pour eux c'est souvent de l'hébreu ! Or c'est tout un pan de marché qui pourrait leur passer à côté s'ils ne s'approprient pas ces modalités de commercialisation. Cela passe sans doute par le développement de solidarités et de liens territoriaux plus systématiques et plus profonds. Chacun doit évoluer de son côté pour que les entreprises du secteur protégé et adapté et les entreprises comme la nôtre travaillent mieux et plus souvent ensemble !

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